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Infestation
Année : 1990
Système : Amiga, Atari ST, Windows
Développeur : Psygnosis
Éditeur : Psygnosis
Genre : Action / Aventure / Simulation
[voir détails]
Par JPB (28 janvier 2004)

Aaah, parler de Psygnosis... Qui donc ne connaît pas la marque au hibou (ou à la chouette, au choix) ? Ses images de packaging extraordinaires ? Des titres incontournables tels que Barbarian, Terrorpods, Blood Money, Lemmings ? Et Infestation, dites-moi, est-ce que ça vous dit quelque chose ?

Superbe image, dessin de Tim White et logo de Roger Dean
(merci au site Hall of Light !)

Au lancement du jeu, comme d'habitude, le logo apparaît suivi du titre du jeu. Déjà, le style est froid, pas très agréable. Ça ne rigole plus.

Le logo inoubliable...
... puis le titre du jeu, brr...

Ensuite, une présentation superbe (comme d'habitude chez Psygnosis) montre un vaisseau, croisant en orbite autour d'une lune, qui largue un homme dans une combinaison autopropulsée. Cet homme, c'est Kal Solar, c'est à dire vous. Non, ne niez pas : on vous a reconnu. Et au terme d'un petit voyage sans casse (sans échauffement du scaphandre, parce qu'il n'y a pas d'oxygène sur la lune), Kal Solar atterrit souplement. Les ennuis vont pouvoir commencer.

Kal Solar arrive...
Atterrissage parfait.

Avant de vous lancer dans l'aventure, vous pouvez choisir la langue entre anglais, français et allemand, ce qui est rare à l'époque et très appréciable. Puis vous pourrez choisir dans un menu détaillé ce qui vous intéresse.

Le dessin d'Herman Serrano, habitué de l'Amiga.

Si vous n'avez pas l'habitude de ce superbe jeu, je vous recommande d'aller en tout premier lieu jeter un œil à la base de données des différents objets que vous rencontrerez. Vous saurez mieux à quoi vous en tenir.

Le menu principal.
Un des objets de la base de données.

Bon, voilà, maintenant le boulot sérieux commence.

Journal de Kal Solar, extrérieur de la colonie Alpha II.

« L'atterrissage fut un peu rude, mais ça va. L'entraînement que j'ai suivi a été efficace. Je dois me mettre à la recherche de l'entrée de la colonie minière. Alpha II n'est vraiment pas un coin où passer ses vacances : le soleil va se lever dans un instant, et la température sera bientôt trop chaude pour que ma combinaison puisse compenser. Je dois trouver l'entrée rapidement ou je vais cuire sur place !

Mon ordinateur de statut me confirme la présence de 167 œufs dans la colonie. Je dois tous les détruire avant qu'ils n'éclosent, ou l'univers est condamné. Je me suis porté volontaire pour cette mission. Je commence déjà à le regretter !

L'ordinateur de statut.
Le soleil se lève. Danger !

Quelque part sur cette lune se trouve un téléporteur, pour me permettre d'accéder à la colonie elle-même. Je sais qu'il est désactivé. Il existe un terminal qui me permettra d'entrer mon nom pour l'activation du téléporteur, mais ils l'ont placé à un autre endroit. Je dois les trouver tous les deux. Et vite.

Des robots sentinelles et des maraudeurs m'ont pris en chasse. Je n'ai pas de temps à perdre à leur tirer dessus, ils sont trop nombreux et je déchargerais rapidement la batterie de ma combinaison. Mieux vaut les éviter, ainsi que leurs décharges de plasma ou leur venin.

Enfin, le terminal ! Et du monde derrière...
Hop, accès autorisé.

Ça y est, j'ai trouvé le terminal. L'identification de mon nom est positive, le téléporteur est activé. Maintenant, où est-il ? Mon oxygène s'épuise vite, pendant que je tourne en rond. Et le soleil continue à réchauffer la lune, je commence à transpirer.

Saloperies de bestiaux ! ils me coursent ! Tant pis, je vais en dégommer un ou deux, ça fera réfléchir les autres.
Rien à faire, ils insistent les bougres : courage, fuyons ! Je n'ai pas le temps de faire un safari. Ma seule chance de m'en sortir est de trouver le téléporteur. On m'a dit qu'il était près d'une antenne radar. Je dois le trouver, fissa !

Une des antennes radar et...
... le téléporteur à côté.

Ça y est ! Je vois le téléporteur ! Allez, le dernier sprint ! Il était temps, l'oxygène commence à m'inquiéter et je crève de chaud. Et puis je ne supporte plus d'entendre ma respiration dans ce satané casque, je dois l'enlever avant de devenir fou ! »

Journal de Kal Solar, intérieur de la colonie Alpha II.

« Il était temps. Avant tout, j'ai pris soin de demander une analyse de l'environnement. Respirable : j'ai aussitôt enlevé mon casque. Ça fait un bien fou.

Vérification de l'environnement...
... AVANT d'enlever le casque !

Maintenant, il faut que je me mette au travail. Je dois trouver les œufs et les gazer avec des capsules de cyanure. J'imagine que je vais avoir des problèmes avec l'ordinateur central de la base, comme l'ont indiqué les mineurs dans leur dernière transmission. J'ai intérêt à me méfier de tout.

Il faut que je fasse une carte. Sinon je sens que je vais sans arrêt tourner en rond dans le complexe. C'est déjà la troisième navette que je prends, il y a une infinité de portes par ici !

Ça y est : mon premier œuf. Surtout ne pas le toucher ! Je vais le gazer avec une capsule. Ne pas oublier de remettre mon casque, de quoi j'aurais l'air si j'inhalais le cyanure ? Là. Hop, j'envoie la sauce !

Surtout remettre le casque AVANT...
... de gazer l'œuf au cyanure !

Allez, encore 166 œufs, ça commence bien après tout... »

La mission

Qu'est-ce qui vous attend dans ce jeu ? De nombreuses sueurs froides, ça je vous le garantis. Pas vraiment au niveau de l'action, mais surtout à cause des pièges de l'environnement. Des zones de radiations qu'il faut traverser visière baissée. Des barrières infrarouges à ne pas franchir. Des conduits de maintenance où il faudra ramper sans toucher le moindre droïde soudeur. Des hangars énormes remplis d'œufs, qu'il faut gazer en une fois pour ne pas trop épuiser votre maigre stock de capsules de cyanure. Des portes qui se referment hermétiquement derrière vous pour toujours, rendant impossible un retour en arrière... Vous allez vraiment en baver ! Mais le jeu en vaut la chandelle, car le challenge est prenant et l'aventure bien sympathique.

Heureusement, si les ennemis sont dangereux par leur simple présence (les robots émettent des radiations), je n'ai pas le souvenir d'avoir des éléments du jeu, machines ou formes de vie, qui vous prennent en chasse une fois arrivé dans la base. On peut alors se concentrer sur la mission, trouver et gazer tous les œufs, sans craindre une quelconque poursuite.

Un Gardien. Courir serait une bonne idée.

Le jeu est très précis : il faut penser à tout pour survivre. Ainsi, pour éviter d'user trop de courant, on coupe la combinaison ; pour éviter de consommer trop d'oxygène, on enlève son casque. Mais on est alors à la merci du moindre élément invisible (radiations, température ou même air irrespirable...) et il est fréquent de se faire avoir ainsi, puisque les indicateurs sont éteints ! Il faut donc se protéger régulièrement, faire un scan de la zone en remettant le casque et l'alimentation de la combinaison, pour déterminer si on peut s'en passer à nouveau... Faire une carte et de très nombreuses sauvegardes sera indispensable.

La réalisation

Infestation est un jeu en 3D surfaces pleines, de dimensions humaines (ça fait du bien, après des jeux comme Driller, Starglider 2 ou Carrier Command), puisqu'on y dirige un humain. Du coup les objets sont de proportions réalistes, et on se plaît à se promener dans le complexe. Des sources d'inspirations nombreuses touchent le joueur : le vaisseau qui survole la lune ressemble à celui d'Aliens ; les navettes qui servent à se déplacer d'une partie à l'autre de la base me rappellent celles de Cosmos 1999 ; les téléporteurs sont à la sauce Star Trek ; les œufs, n'en parlons même pas ! On nage vraiment en pleine science-fiction.

Comme vous avez pu le remarquer, on observe ici (si je ne m'abuse) les premiers objets sphériques dans un jeu en 3D : les maraudeurs lunaires et les décharges de fusil. C'est réussi et ça fait du bien de ne pas avoir QUE des surfaces anguleuses. Les couleurs me paraissent judicieusement choisies, l'effet d'immersion visuelle est parfaitement réussi.
Un mot sur l'écran de présentation, réalisé par Herman Serrano (qui a fait ceux de Carrier Command, Starglider 2, Weird Dreams - pour ce dernier il s'est occupé de tous les graphismes du jeu - et j'en passe).

Un Maraudeur, objet composé de sphères en 3D.

Ce qui frappe le plus en fait, c'est l'ambiance sonore. Le bruit de la respiration de Kal Solar est extraordinaire : quand il court, le rythme augmente peu à peu, et on a vite une impression d'étouffement. Un grand bravo à Sean Conran qui a réussi à digitaliser (ou recréer) cette respiration oppressée. Les autres bruitages sont plus traditionnels, rien de particulier. La musique pendant la présentation est sans grande surprise et n'apporte pas grand chose.

L'animation est exempte de défaut, elle est fluide selon les standards de l'époque (c'est à dire qu'y jouer aujourd'hui est plutôt rebutant, surtout quand on a passé des mois à jouer à des jeux tels que Half-Life à la souris, et qu'il faut se recoltiner un truc au joystick).

Attention : on meurt beaucoup dans ce jeu. Par maladresse au départ, comme d'appuyer malencontreusement sur la touche F3 (enlever le casque) à la surface de la lune ; par manque de réflexes souvent (oublier de remettre le casque quand on a lancé une capsule de cyanure) ; par contact direct avec un robot soudeur aussi au détour d'un tunnel... Il y a de nombreuses morts différentes, je pense que chacun les aura toutes vues au moins une fois avant la fin. Comme je l'ai déjà précisé, de fréquentes sauvegardes sont indispensables pour espérer en voir le bout.

Couic.

Je me souviens d'un petit détail qui m'avait gêné. Dans le test de Génération 4, on parle de "rencontrer la mère des aliens". J'ai fini le jeu, et hélas, je ne l'ai pas vue. Alors, je ne sais pas si elle existe et que j'ai eu la chance (la malchance ?) de l'éviter, ou si elle n'est pas présente dans le jeu... Peut-être que vous en saurez plus, ou en verrez plus que moi ?

Infestation fut testé :
- dans le Tilt n°77 d'Avril 1990 (Hit, 18/20) ;
- dans le Gen4 n°20 de Mars 1990 (93%).

JPB
(28 janvier 2004)
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