Suite d'un jeu sorti sur Famicom, Earthbound est un RPG japonais très atypique qui interpelle immédiatement le joueur un tant soit peu curieux. Oubliez les chevaliers, les princesses, les épées magiques et tout le bestiaire de l'heroic-fantasy avec lequel le genre s'est nourri jusqu'à l'indigestion : ici on dirige un petit garçon comme les autres vivant dans sa petite maison avec sa maman et sa petit soeur (papa semble passer sa vie au boulot mais on peut lui téléphoner pour donner des nouvelles et accessoirement sauvegarder sa partie ...). Sa petite vie tranquille va être chamboulée quand, suite à la chute d'une météorite, il va rencontrer une mouche venue du futur lui révélant qu'il est l'un des 4 élus et qu'il doit se mettre à la recherche des 3 autres et également rassembler un pouvoir caché dans 8 sanctuaires pour sauver le monde d'un grand danger. Malheureusement la mouche va connaitre un destin tragique, mais ça n'arrêtera pas notre héros qui va alors chercher son sac à dos et sa batte de baseball et part à l'aventure.
Le déroulement du jeu est celui d'un RPG classique avec ses combats au tour par tour représentés à la Dragon Quest et ses villes à explorer. Mais tous les codes du genre ont été adaptés à notre monde contemporain et le résultat est savoureux. Déjà concernant les ennemis, une influence maléfique qui se fait de plus en plus présente a rendu les animaux dangereux et a noirci l'âme de certains habitants. Les ennemis rencontré seront donc au départ des corbeaux, des chiens errants et des serpents, puis des punks, des hippies, des skateurs, puis plus tard des êtres de plus en plus étranges mais je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler. Ensuite au niveau des status qui viennent compliquer la vie du héros, au lieu des habituels empoisonnements ou paralysies, on a droit à des coups de soleil ou au mal du pays qu'il faut guerir en téléphonant à sa mère ! Le jeu regorge de bonne idées dans le style. Citons aussi le fait de pouvoir téléphoner pour commander une pizza (redonne des points de vie), ou l'utilisation de pouvoirs psy qui remplacent la magie. Enfin, un bon point concernant les combats : les ennemis sont visibles (et évitables) et on peut essayer de les surprendre par derrière pour avoir l'initiative. Toujours concernant les combats, notons que chaque action de chaque perso (ami ou ennemi) est décrite par un petit texte, parfois surprenant, souvent hilarant.
Le style graphique, très original, est également très enfantin, un peu comme un Pokemon (même s'il faudra de nombreux épisodes à Pokemon pour égaler la qualité des graphismes d' Earthbound). Ceci couplé avec le contexte de l'aventure pourrait faire penser qu'on a là un jeu destiné uniquement aux gamins. ERREUR. Earthbound possède des mécaniques de jeu riches et complexes et un niveau de difficulté assez élevé, mais surtout il baigne dans une fantastique ambiance construite autour d'un humour omniprésent (souvent décalé et limite absurde) mais également des situations très sérieuses, voire émouvantes. On est ainsi surpris dès le tout début du jeu, après avoir fait quelques combats bien marrants (quand c'est au tour du poltron qui accompagne le héros au début d'agir, il trouve toujours une excuse pour ne pas attaquer), d'entendre le pas-du-tout-sympathique voisin dire qu'il en a marre de la famille du héros car ils sont pauvres et ne s'en sortent pas, et que, ayant emprunté de l'argent à sa société, ils l'ont lui aussi mis dans le caca.
Earthbound est un monument du RPG sur Snes, original et varié, et est un grand bol d'air frais grâce à sa réalisation et son scénario. L'essayer, c'est l'adopter.