Rendering Ranger R2

Rédigé par Sebinjapan

Ce soft dont beaucoup n'ont jamais entendu parler est pourtant un bon jeu d'action et également l'une des réalisations techniques les plus impressionantes de la machine. Produit par une boite européenne mais sorti uniquement au Japon et de façon confidentielle, il est l'oeuvre de Manfred Trenz, le papa de la série Turrican. On dirige un soldat dans un monde futuriste qui se bat soit vaillament à pied dans des scènes de "run and gun" vues de profil à la Contra, soit planqué à l'intérieur d'un vaisseau dans des scènes de shoot-them-up horizontal àl a R-Type survitaminé.
Parlons tout d'abord des scènes à pied : on peut sauter, tirer dans toutes les directions, utiliser une attaque spéciale et changer d'arme. Les boutons de tranche permettent d'incliner l'arme du héros à 45 degrés vers le haut ou vers le bas, comme dans Super Metroid, mais il n'est pas possible de "locker" son tir dans une direction tout en se déplaçant dans une autre. On peut utiliser 3 attaques spéciales qui sont différentes en fonction de l'arme équipée, et qui se rechargent (tout) doucement après chaque utilisation. Quand aux différents tirs qu'on obtient et qu'on fortifie en ramassant des bonus, ils sont de plusieurs types : tir multiple couvrant une grande surface, tir rectiligne plus puissant (en théorie), tir qui part en même temps vers le haut et vers le bas ... Contrairement au superbe Turrican 2 Amiga, ces phases n'offrent quasiment aucune exploration et encore moins de bonus cachés : on avance tout droit d'un point A à un point B (ou attendent patiemment un ou plusieurs boss) en tirant sur tout ce qui bouge, même si certains niveaux (au moins le deuxième en tout cas) proposent plusieurs chemins possibles.
Les phases en vaisseau proposent un déroulement classique avec moultes ennemis à détruire, des pluies de météorites et des passages offrant des obstacles à négocier qui sont plus ou moins inspirés de la série R-Type. On retrouve le même type d'armes que dans les phases pédestres avec également le même système d'attaques spéciales. Mais le petit "plus" ici est la possibilité de faire se retourner le vaisseau pour tirer vers la gauche (mais le scrolling continue à défiler vers la droite), comme dans Side Arms, les dangers arrivant de tous les cotés.
Au niveau de sa réalisation, Rendering Ranger est vraiment bluffant. Les sprites sont énormes et nombreux, sans pour autant provoquer de ralentissements notables, et les effets spéciaux de type flammes, zooms, rotations ou effets de transparence accompagnent l'action de bout en bout. Les phases de shmup sont particulièrement impressionantes avec entre-autre des effets de 3D dans les décors (superbes !) qui donnent une impression de profondeur très efficaces. En fait, on pourrait facilement résumer cette merveille graphique en 2 mots : Neo Geo. J'exagère un peu (beaucoup ?) mais c'est parfois quasiment du même niveau.
Le constat est moins brillant au niveau de l'intérêt du jeu. Attention, le jeu est loin d'être mauvais et est parfaitement jouable. Mais le level design n'est pas optimal. C'est flagrant dans les 2 premiers niveaux (à pied) ou, une fois passée la claque technique, on remarque un déroulement un peu trop classique, sans réels morceaux de bravoure, et avec quelques passages limite chiants (les enchainements de portes dans le second niveau). Comparez avec Contra 3 et vous vous rendrez compte que Rendering Ranger manque de rythme, de patate, et de challenge. Heureusement, ça s'arrange avec les niveaux suivants, plus durs et plus interessants, même si le level-design des phases de shmup n'est jamais au niveau des meilleurs épisodes de R-Type. On pourra aussi déplorer le fait que, parmi les armes disponibles, certaines ne servent quasiment à rien.
J'ai lu ici et là que Rendering Ranger était un jeu très difficile. C'est vrai dans les derniers niveaux, mais même un joueur moyen a largement de quoi s'amuser sans être frustré pendant plus de la moitié du jeu. Le héros dispose en effet d'une puissance de feu suffisante pour se débarasser des nombreux ennemis, et lorsqu'on perd une vie, on continue exactement là ou est mort en perdant simplement un niveau de puissance sur l'arme équipée à ce moment là. On est loin du niveau hardcore d'un Gradius bien balaize ou d'un Jim Power.
Exploit technique quasiment inégalé sur Snes et jeu d'action efficace, Rendering Ranger est à pratiquer sans retenue, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux (moins des oreilles, les musiques et bruitages étant malheureusement moins réussis). Dommage que le level-design ne soit pas plus inspiré.

Verdict :

BIEN